Revue Etho-logique

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Les Gorilles sortent de la brume

vendredi 30 septembre 2005, par Agnès Maillard

Longtemps considérés par certains primatologues comme de gros lourdeaux à la cervelle un peu épaisse, les gorilles viennent de révéler leurs aptitudes à utiliser des outils comme le plus malin des chimpanzés.
Il se trouve juste que leur imposante musculateur leur épargne souvent les manipulations subtiles auquelles sont astreints les chimpanzés.

Article AP du 30 septembre 2005

Première observation de l’utilisation d’outils chez les gorilles sauvages

DENVER (AP) - Les scientifiques connaissaient déjà la capacité des chimpanzés à manier bouts de bois ou cailloux pour parvenir à leurs fins. Mais une équipe américaine a observé pour la première fois des gorilles sauvages utiliser des outils, se servant par exemple de brindilles pour mesurer la profondeur de l’eau dans un marécage.

Ces observations réalisées dans le parc national de Nouabalé-Ndoki, en République démocratique du Congo ont été dirigées par Thomas Breuer, de la société de préservation de la faune et la flore du zoo du Bronx (New York).

"C’est une découverte vraiment étonnante, a-t-il reconnu dans un communiqué. L’utilisation d’outils chez les singes sauvages nous fournit des indices intéressants sur l’évolution de notre propre espèce et les aptitudes des autres espèces."

Le premier cas recensé est celui d’une femelle surnommée Leah par les scientifiques. Après avoir tenté de traverser une mare creusée par des éléphants, elle a ramassé une branche d’un arbre mort pour jauger la profondeur de l’eau.

Efi, une autre femelle gorille, s’est servi d’un tronc d’arbres détaché pour se soutenir avec une main alors qu’elle creusait avec son autre main. Le tronc a ensuite été utilisé comme pont pour traverser un terrain boueux.

Alors que les chimpanzés ont fait l’objet de nombreuses études, les gorilles, plus grands, plus forts mais plus lents, ont été considérés comme moins habiles et relativement délaissés par les primatologues.

"Les chimpanzés sont présentés comme les super-singes et les gorilles comme les grosses brutes de la forêt", estime Richard Carrol, primatologue au World Wildlife Fund (WWF).

"Les gorilles sont très intelligents, mais ils n’ont pas besoin d’être aussi délicats que les chimpanzés (qui récupèrent les termites avec des bâtons), ils peuvent casser les termitières pour les ouvrir", ajoute Richard Carrol, qui avait observé des gorilles effrayant des bâtons pour effrayer des léopards il y a dix ans. AP

Messages

  • Bonjour,
    Peut-on alors dire que les primates sont intelligents ? La réponse serait de dire oui, si on s’en tient aux théorie Piagetienne qui veuillent qu’on considère un comportement intelligent si celui-ci a fait l’objet d’un traitement cognitif, préalable à l’action. Dans ce cas il est clair qu’il existe une intentionalité des schêmes d’action, qui eux-mêmes sont multiples et orientés. Nous nous trouvons devant un enfant de 12 mois.. S’il est facile de prétendre une certaine forme d’intelligence chez l’animal, il est plus difficle d’en espérer des avancées significatives. La science pour la science ? Ou la science pour avancer ?

    • Une avancée, pourtant :
      Si l’on admet une forme d’intelligence chez l’animal, cela va peut-être conduire l’homme à, lui-même, faire preuve d’intelligence en cessant de ne considérer le reste du règne animal (dont nous faisons partie, rappelons-le !) comme de simple ressources et d’un point de vue de prédation.
      Bien sûr, avant d’espérer respecter les animaux, il faudrait que nous commencions par nous respecter nous-même entre nous : certains considèrent bien leur propres congénères comme de simple variables d’ajustement, non ?

      Donc, chercher de l’intelligence chez l’animal, c’est peut-être aussi tenter de nous élever nous-même. Y a encore du boulot, mais en ce sens, ce type de recherche ne peut être considéré comme vain.

      Science sans conscience n’est que ruine de l’âme

      François Rabelais

    • J’estime tout comme vous que c’est précisément "avancer" que de s’ouvrir à l’intelligence animale. découvrir que l’intelligence est une denrée présente dans l’univers vivant à une ampleur infiniment plus développée qu’on ne le pensait auparavant n’et nullement vain : c’est au contraire une révolution copernicienne qui s’annonce ! Nous sommes accoutumés à ne plus conidérer la terre comme le centre de l’univers, mais il nous reste une révolution équivalente à accomplir dans le règne du vivant : comprendre que l’homme n’est pas le centre de la création. Il me semble que cet objectif ne relève pas seulement de "la science pour la science", mais plutôt d’une compréhension accrue de notre place dans l’univers.
      Et Bravo pour ce site passionnant que je viens de découvrir !