Revue Etho-logique

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Ecologie

Les Pyrénées en deuil

Mort de la dernière ourse des Pyrénées

mardi 2 novembre 2004, par Agnès Maillard

Hier, le 1er novembre, la dernière femelle ourse des Pyrénées à été abattue par un chasseur lors d’une ba|tue au sanglier. Plus grave encore, elle laisse derrière elle un ourson âgé de 10 mois dont les chances de survie sont médiocres.

L’article de ce matin dans le journal Sud-Ouest [1] :

Cannelle, la dernière ourse née dans les Pyrénées, a été abattue hier sur les hauteurs d’Urdos, en vallée d’Aspe. Selon les premiers éléments, confirmés par la gendarmerie, cet acte s’est produit alors que six membres de la société de chasse d’Urdos procédaient, en fin de matinée, à une battue au sanglier dans une partie forestière plongeant ensuite dans une zone de falaise. Selon leurs déclarations, l’ourse très agressive, aurait attaqué et mordu un chien. Se sentant menacé, un chasseur aurait alors fait feu. Ce tragique événement intervient alors que, samedi 30 octobre, les naturalistes du Fonds d’intervention écopastoral (FIEP), responsable du suivi des ours des Pyrénées, avaient trouvé des excréments frais de la femelle et de son ourson de 10 mois attestant la présence des deux individus sur les hauteurs d’Urdos. Selon la procédure habituelle, l’information avait été transmise au réseau Ours brun, qui l’avait fait suivre au directeur de l’Institution patrimoniale du haut Béarn. Ce dernier avait fait part à la société de chasse d’Urdos de la présence de l’ours et de l’ourson afin de préserver leur quiétude. « Je suis choqué que les chasseurs n’aient pas tenu compte de notre information. Ils n’auraient jamais dû aller chasser à cet endroit avec des chiens. Se sentant acculée, la femelle a dû tenter de fuir, mais n’a sans doute pu s’échapper avec son ourson », explique Gérard Caussimont, directeur du FIEP. La mort de la dernière femelle est considérée comme une véritable catastrophe écologique. D’autant que tous les acteurs du dossier procédaient à une estimation de la population afin d’envisager la réintroduction de femelles supplémentaires. L’autre interrogation porte sur les probabilités de survie de l’ourson qui accompagnait Cannelle. Désormais, il ne reste que cinq ours vivants dans les Pyrénées. Serge Lepeltier, ministre de l’Ecologie, a demandé qu’une enquête approfondie soit menée pour déterminer les circonstances de la mort de Cannelle.

La question n’est pas de monter un procès en sorcellerie aux chasseurs, mais de réfléchir à l’interaction entre les services s’occupant de la chasse et de ceux se préoccupant de la sauvegarde des espèces, afin que ce genre de cafouillage ne puisse plus se produire.

Cependant, pour ce qui est de la survie de l’ours dans les Pyrénées, il semblerait que cela soit déjà trop tard.