Revue Etho-logique

Accueil > Actualité > Petits conseils pour animaux de compagnie

Petits conseils pour animaux de compagnie

Vu chez Libération

mardi 11 janvier 2005, par Agnès Maillard

En France, les animaux domestiques sont rois. Et cela provoque de multiples problèmes comportementaux, pourtant faciles à éviter dès que la relation homme-animal s’installe.

le chat sur les genoux pour partager le foie gras et le chien sous le sapin ouvrant ses paquets... Rien de bien étonnant finalement en France : 25 % des chats et chiens ont reçu des cadeaux à Noël, et ils ont été 15 % à goûter au repas du réveillon. La place des animaux de compagnie a radicalement changé. Ils sont souvent l’enfant, l’ami, le frère, la douce moitié. Résultat, ils pètent les plombs : appartements dévastés, moquette inondée, coups de dents ou de griffes à répétition. [1]

L’un des débouchés les plus porteurs de l’éthologie animale reste bien sûr l’animal domestique. En investissant sur nos animaux familiers des sentiments inadaptés, nous déclenchons chez eux des déviances comportementales devant lesquelles nous sommes majoritairement très démunis.
Le ressort de cette communication homme-animal incorrecte est bien sûr l’anthropomorphisme, le surinvestissement affectif, notre incapacité à laisser le chien ou le chat à sa place d’animal.

Bien sûr, ces déviances questionnent directement l’organisation de notre société, la dilution du lien social, les difficultés croissantes rencontrées par le plus grand nombre pour développer une socialisation satisfaisante. Quand une personne âgée transforme son bichon en pseudo-bébé, on ne peut que s’interroger sur les fonctions intégratrices de notre société. Mais cette approche ne résoud pas le problème immédiat du comportement déviant de l’animal. Il est difficile de répondre à une famille prise en otage par son chien qu’elle devrait commencer par réfléchir à son propre fonctionnement, aux types de relations qui se sont tissées ou défaites en interne.

Pour répondre à l’angoisse des familles, des maîtres désemparés, se sont créées des consultations comportementales, autrement dit, des consultations éthologiques. Naturellement, les vétos tentent de verrouiller le terrain [2], et force est de constater la prolifération des charlatans dans ce domaine [3].
Cependant, on pourrait très bien imaginer, dans un proche avenir, l’ouverture de cabinets de consultations éthologiques, tenus par des éthologues duement diplomés et aptes à répondre à des interrogations, tant des particuliers que des entreprises, ayant trait aux comportements. L’idéal serait de travailler en réseau avec des vétérinaires [4], des psychologues [5] et des sociologues [6].

En attendant, les articles de Giulia FOIS rappellent quelques principes de base éthologiquement corrects pour que la cohabitation avec vos chiens et chats se passe le mieux du monde !

Bonne lecture.


[1Petit guide de dressage pour rester maître chez soi, Giulia FOIS pour Libération du 11 janvier 2004

[2Vétérinaire, psy, éducateur... Comment s’y retrouver ?, Giulia FOIS pour Libération du 11 janvier 2004

[3Voir le débat entre éthologues et chuchoteurs autour du monde équestre, dans le forum Etho-logique

[4Toujours vérifier qu’un chien qui urine dans une maison ne souffre pas d’abord d’un problème physiologique !

[5Une fois le maître sensibilisé à la dépression de son animal, commencer à aborder l’origine du problème qui est souvent la dépression du maître

[6Pour répondre à des questionnements d’industriels, d’entreprises, il est possible qu’une approche globale soit complémentaire et indispensable.

Messages

  • Je réagis à ce message un tantinet orienté et incomplet.
    Il existe depuis fort longtemps des "Ecoles d’Education" pour chiens, où l’instruction est assurée par des bénévoles hautement compétants et non mercantils, motivés uniquement par l’amour et le respect du chien.

    Encore une fois, comme pour l’équitation, ces clubs canins sont mal (voir pas du tout) connus du public.
    Au mieux on les considère comme réservés à une élite, propriétaires de chiens de "race" participant à des concours de dressage officiels.

    Pourtant tout le monde pour la modique somme d’une inscription annuelle à une assoc. type 1901, peut s’y inscrire avec son toutou quelque soit la race ou la non-race du chien.

    On y apprend les bonnes manières et aussi la psychologie du chien. On y travaille en groupe et on s’y fait des relations et les chiens des copains.

    Commment faire pour promouvoir ces clubs canins d’éducation ou d’agility-dog ?

    La Centrale Canine ferait bien de s’y interesser un peu et de dépoussiérer ses tiroirs !!!

    • il existe même des éducateurs canin qui propose des services permettant aux ma^tres ainsi qu’au futur maître d’obtenir de larges renseignements quant au comportement canin
      merci bon courage christophe Bisson
      pdt de l’association pour l’éducation canine

    • Bonjour,

      Le travail des "éducateurs bénévoles" joue probablement un rôle dans l’aide à apporter aux propriétaires d’animaux de compagnie.
      Dans votre message vous utilisez le mot "maître" pour évoquer le propriétaire d’un chien. Ne croyez-vous pas qu’en utilisant ce terme vous montrez votre enfermement dans une relation de type "maître (propriétaire) - esclave (chien)".
      En outre, vous parler d’"éducation canine". Quelles réticences avez-vous à utiliser le terme de dressage ? N’est-ce pas là un simple effet marqueting. Je vous propose de mener une réflexion autour de la notion d’éducation. Vous constaterez qu’elle est difficilement envisageable dans la relation entre une personne et un chien. Quand à la notion de dressage, elle n’implique pas nécessairement un rapport de force ou une forme de maltraitance. Dans tous les cas, n’oublions pas que le chien familier est un animal captif et qu’il est soumis à nos propres désirs. Certain acceptant même de tuer leur animal pour avoir répondu à une situation par un comportement propre à son espèce mais inacceptable dans un société d’homme.

      A bientôt.

  • Bonjour à toutes et à tous,

    Je partage le regard proposé par Agnès sur la place offerte à nos compagnons à plumes, à poils et à écailles. Les émissions, les articles ou encore des études menées par des spécialistes révèlent effectivement les conséquences de notre proximité avec nos animaux familiers. Et notre conduite à leur égard montre les intentions particulières qui nous poussent à intégrer un chien, un chat, (...), dans notre cercle familial.

    Dans l’article "petits conseils pour animaux de compagnie", il est question des difficultés que soulèvent cette intégration qui peut se révéler à certain moment périlleuse. Il semble que le manque de connaissances puissent expliquer en partie les difficultés rencontrées par les propriétaires. Leurs attentes (besoin de maternage, miroir narcissique, ...) vis-à-vis de leur compagnon joue également un rôle important.

    Il existe en France des comportementalistes (techniciens spécialisés dans la relation homme-animal) formés notamment par l’éthologue Michel Chanton. Leur travail est basé sur un connaissance de l’animal intégré dans la famille et sur des outils de communication (p.n.l., a.t., systémique, ...) dans l’objectif d’apporter des conseils et d’induire certain changement.

    Dans l’article il est fait mention d’un certain nombre de spécialiste. J’aimerai connaître votre point de vue sur les comportementalistes. Peuvent-ils selon vous avoir une légitimité et un intérêt dans l’aide aux propriétaires d’animaux de compagnie ? Pourraient-ils devenir des partenaires des spécialistes (éthologues, vétérinaires, ...) ?

    A bientôt.
    Stéphane.