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Le précurseur de l’éthologie
Fréquence Terre
dimanche 3 février 2008
L’intelligence des animaux, de François Sigaut aux éditions IBIS PRESS - Publiée le 27-01-2008
Charles-Georges Leroy, voici un nom qui, hormis dans le monde de l’éthologie, ne renvoie que peu d’entre-nous à une quelconque référence.
Et pourtant, en son temps, le 18ème siècle, il marqua la communauté scientifique avec ses remarquables travaux sur les comportements animaux, précurseurs d’une science devenue l’éthologie.
Quand François Sigaut, essayiste passionné de vie animale, croisa le naturaliste et lieutenant des chasses royales de Versailles et de Marly, dans les cartons d’un bouquiniste aux puces de Montreuil, une aventure à la frontière des lettres et des sciences commença.
Sans doute premier naturaliste à ainsi étudier le comportement animal et à le décrire en des termes que l’éthologie moderne reconnaît aujourd’hui comme siens, Charles-Georges Leroy, pourtant reconnu pas ses pairs, s’évapora des bibliothèques et sombra dans l’oubli.
Un oubli purement hexagonal, puisque la seule thèse jamais soutenue sur Leroy le fut en Allemagne, et que la seule édition critique de ses lettres est anglaise.
Un oubli réparé puisque désormais, tout un chacun a le loisir de découvrir ses textes dans l’ouvrage de François Sigaut.
Des textes qui nous entraînent dans un double voyage.
Dans le temps d’abord, où l’on découvre un français aussi désuet que précis, d’une étymologie sans faille soutenant à la fois l’idée et la description.
Dans les forêts du 18ème siècle ensuite, les observations de Leroy se bornant aux espèces qu’il connaissait pour les côtoyer et qu’il avait étudiées dans des environnements différents.
Ainsi, il écrivait à propos des loups et des renards :
« Dans la jeunesse, l’imprudence et l’étourderie leur font faire beaucoup de fausses démarches ; ensuite les périls auxquels ils sont exposés leur causent une frayeur qui souvent égare leur jugement, leur fait regarder comme dangereuses toutes les formes inconnues, attache l’idée abstraite du péril à tout ce qui est nouveau et les jette par conséquent dans la chimère.
Les vieux loups et les vieux renards, que la nécessité a mis souvent dans le cas de vérifier leurs jugements, sont moins sujets à se laisser frapper par de fausses apparences, mais plus précautionnés contre les dangers réels.
Comme une crainte déplacée peut leur faire manquer leur nuit et les réduire à une diète incommode, ils ont un grand intérêt à observer. L’intérêt produit l’attention, l’attention fait démêler les circonstances qui caractérisent un objet et le distinguent d’un autre : la répétition des actes rend ensuite les jugements aussi prompts et aussi faciles qu’ils sont sûrs. Ainsi les animaux sont perfectibles ; et si la différence de l’organisation met des limites à la perfectibilité des espèces, il est sûr que toutes jouissent jusqu’à un certain degré de cet avantage, qui doit nécessairement appartenir à tous les êtres qui ont des sensations et de la mémoire. »
L’intelligence des animaux, de François Sigaut aux éditions IBIS PRESS est incontournable pour tous ceux qui souhaitent mieux comprendre la condition animale, dans une période où elle est parfois résumée à l’usage et à la valeur marchande de nos amis les bêtes.
Editions IBIS PRESS
L’intelligence des animaux - Ibis Press
Olivier, pour la Rédaction.