Revue Etho-logique

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Opération anti-blattes

jeudi 20 juillet 2006, par Agnès Maillard

Ecrit il y a des années, cet article, certes fort peu amène pour les blattes, utilise les connaissances éthologiques pour réduire les nuissances d’une cohabitation pas toujours très équilibrée entre l’homme et la blatte.

A NOTER : LA PRÉSENCE DE BLATTES CHEZ VOUS, N’EST EN AUCUN CAS LE RÉSULTAT D’UN MANQUE DE PROPRETÉ. IL N’Y A AUCUNE RAISON D’AVOIR HONTE ! LA BLATTE EST LE COLOCATAIRE NATUREL DE L’HOMME DEPUIS LES DÉBUTS DE LA CIVILISATION !

Comme vous l’avez appris dans le chapitre consacré aux taxies [1], les blattes se localisent dans votre logement de manière instinctive. Elles sont d’autant plus faciles à repérer et à "expulser" de chez vous.

ATTENTION : Si vous habitez une maison individuelle, notre opération anti-blattes est insuffisante. Vous devez, pour commencer, faire appel à un professionnel, vue l’importance des surfaces à traiter !

1. Connaître l’ennemi

Pour commencer, toujours essayer de demander au syndic de votre immeuble une désinsectisation par un organisme professionnel : s’il y a des blattes chez vous, c’est qu’il y en a immanquablement dans tout l’immeuble, celles-ci se déplaçant par les canalisations. Le problème, c’est que nombre des autres habitants de l’immeuble risquent, par honte ou par ignorance de nier les faits. Quoi qu’il en soit, vous pouvez maintenir l’opération anti-blattes.

Dans la région parisienne, vous cohabitez plutôt avec le genre germanicus.
Dans le sud, c’est plutôt l’orientalis.
Nos descriptions s’attachent à la germanicus, mais les méthodes sont aussi efficaces avec les autres genres rencontrés sous nos latitudes.

Vous pouvez distinguer le mâle de la femelle : le premier est plutôt arrondi, et de couleur plus sombre que la deuxième, allongée et brun clair, un tout petit peu plus grande.
NE JAMAIS ÉCRASER DE FEMELLE !
En effet, la femelle pond ses oeufs dans ce qu’on appelle une oothéque, sorte de petit étui en chitine (composant de la carapace), assez solide, et qui est "collé" en prolongement du corps de la mère. Quand vous écrasez une femelle, elle expulse automatiquement son oothèque et c’est 12 charmants garnements qui viennent d’échapper à votre chaussure vengeresse.
Écraser une blatte ne sert à rien : les autres ne viendront pas à l’enterrement pour vous faciliter la tache !

Le cycle de la blatte

2. Repérer l’ennemi

Quand la lumière surprend une blatte, sa photophobie la conduit tout droit à son repaire : noter où elle se rend au galop.
En gros, ce sera sous l’évier, la baignoire, derrière le gros électro-ménager qui dispense sa chaleur (réfrigérateur, machines à laver...etc.) et dans les recoins des placards. Le Hilton de la blatte, c’est le coin poubelle sous l’évier !
A NOTER : les blattes s’aventurent plus rarement dans les chambres ou y font des visites occasionnelles, surtout s’il y a de la moquette, rendant les déplacements moins rapides et moins efficaces (comme la fuite !) : il n’y a pas assez à manger !

Vous pouvez vérifier la présence des blattes : là où elles ont créé leur "nid", vous trouverez des coques d’oothèques vides et des petits points noirs, leurs excréments.

3. Opération famine !

Si les blattes vivent avec nous, c’est que les activités normales d’un foyer humain leur garantissent le gîte et le couvert. C’est sur ce deuxième point que nous vous proposons de commencer votre action.
Les blattes aiment les déchets organiques de toute sorte. Il va falloir vous équiper en conséquence.
- La poubelle : elle doit obligatoirement se fermer hermétiquement tout en restant facile d’accès pour vous, histoire que RIEN ne tombe à côté quand vous la remplissez. L’idéal : les poubelles à pédale ou celles qui se placent sur la face interne des portes de placard et qui s’ouvrent automatiquement quand vous ouvrez le placard.
- Les aliments : Plus RIEN à l’air libre. Ce qui est au frigo est toujours à l’abri. Tout ce qui est céréales, farine, sucre, riz... etc., ne doit JAMAIS rester dans l’emballage d’origine, le plus souvent en carton, qui laisse passer les petites blattes. Vous allez devoir vous équiper sérieusement en récipients type Tupperware : il y en a de toute contenance, de toute forme, et à tous les prix. Elles doivent seulement être parfaitement hermétiques. Ceci vaut aussi pour les boites de biscuits, de bonbons, pour le pain (et ses miettes). Plus aucune particule de nourriture ne doit rester à l’air libre ou accessible.
Vous pouvez aussi vous équiper en placards hermétiques (plutôt chers) ou, à défaut, d’un réfrigérateur hors d’usage.
- La vaisselle : à faire systématiquement dès la fin du repas. Pour les lave-vaisselle, les refermer totalement après chaque ouverture.
- Votre but : ne plus rien laisser aux cafards, pas une miette, RIEN. Déjà, quand la table est mauvaise, les blattes ont tendance à moins s’incruster.

4. le matériel

Commencez par vous rendre chez un droguiste, plutôt que dans une grande surface : vous y trouverez un meilleur conseil. Si, malgré notre avertissement, vous avez des problèmes à avouer la présence de blattes chez vous, changez de quartier (mais, franchement, aucun droguiste ne vous fera jamais la moindre remarque, sachant parfaitement que la blatte vit vraiment partout, surtout dans la région parisienne et que vos amis qui nient en avoir sont, soit des aveugles, soit des menteurs !).

Si l’invasion est conséquente, il faudra peut-être commencer par une bombe, type "totale annihilation". C’est très contraignant, dans la mesure où il vous faudra quitter l’appartement pendant 48 heures environ après dégoupillage et aérer abondamment en rentrant. A ne faire que si la situation est désespérée et le syndic de votre immeuble sourd à vos demandes réitérées de désinsectisation. A ce moment, vous avez exterminé toutes les blattes de votre appartement. Mais il faut tout de même maintenir l’opération anti-blattes : vous n’avez pas eu la peau de toutes celles qui vivent dans le reste de votre immeuble et qui finiront par revenir.

Sinon, il vous faut des pièges et une bombe aérosol

- La bombe aérosol : Il vous faut un produit qui soit à la fois un répulsif (qui provoque une chimiotaxie négative : l’insecte fuit le produit) et un poison par contact à effet retard : si la blatte passe sur une surface aspergée, elle s’intoxique par le contact du produit et a l’élégance d’aller mourir plus loin.
- Les pièges : Le mieux, ce sont ceux qui contiennent de la nourriture empoisonnée à effet retard. La blatte est attirée, mange, et va mourir plus loin.
L’effet retard est doublement intéressant, surtout quand la blatte s’est enduite le corps de poison avant de rejoindre ses petites camarades. Les blattes vivent en communautés grégaires et pratiquent beaucoup le contact direct dans leurs modes de communication. Ainsi, la blatte empoisonnée prend le temps d’empoisonner un grand nombre de ses congérères avant de passer l’arme à gauche, ce qui est tout bénéf’ pour nous.

5. Opération commando !

Vous savez tout, vous avez tout : l’heure de l’action est arrivée ! Prévoir le week-end !

Commencez par dégager l’accès à tous les nids que vous avez pu trouver : bougez les meubles, le gros électro-ménager, la vaisselle, tous les objets qui se trouvent sur votre chemin. Si ça bouge, si ça rampe et si ça s’enfuit, gardez votre calme et ne tentez d’écraser personne : c’est vous qui aurez la victoire finale.

Désinfectez tout à l’eau de javel diluée (mais pas trop) : il semble que les blattes ne raffolent pas de ce produit. Laissez sécher. Vaporisez les anciens nids avec la bombe aérosol. Remettez en place.

Maintenant, vaporiser, comme pour créer un film protecteur, sur toutes les plinthes de votre appartement, ainsi que les encadrement de toutes vos portes (de toute manière, cette phase est souvent décrite dans le mode d’emploi de la bombe). Vous devez surtout tout faire en aérant bien et en ne fumant pas. Dans tous les cas, toute la nourriture est parfaitement protégée et, le temps de l’opération, vos animaux familiers ne sont pas là. Ensuite, sachez que ces produits sont inopérants sur les animaux à sang chaud !

Sur les chemins de migrations que vous avez repérés (en général, à proximité de la poubelle, de l’évier, de la baignoire et du réfrigérateur), vous disposez vos pièges, soit environ 4 à 8 pièges, selon la taille de votre appartement.

6. La lutte dans la durée

L’opération famine ne prendra fin que le jour où vous quitterez la région parisienne, encore qu’elle se révèle aussi très efficace contre les fourmis et les mouches.

Il ne faut jamais perdre de vue qu’il est fort probable que des blattes vivent encore dans le reste de l’immeuble et qu’elles tenteront toujours de reconquérir votre appartement. De même, lorsque vous rendez visite à des amis, il n’est pas rare que vous rameniez une oothéque sous vos semelles ou dans vos affaires. Vous n’arriverez jamais à un objectif population = 0. Ce que je vous propose, en fait, c’est de parvenir à limiter la population de blatte chez vous à quelques individus en transit ou dans l’agonie.

Grâce au répulsif, les blattes "préféreront" systématiquement votre voisin à vous : c’est pour cela qu’il faut penser à en remettre régulièrement (selon les fabriquant, tous les 1 ou 2 mois).

Grâce aux pièges, celles qui arriveront chez vous n’y feront pas de vieux os : dans l’impossibilité de se nourrir autrement grâce à l’opération famine, elles iront automatiquement s’empoisonner à vos appâts. Selon le fabriquant, c’est à changer tous les 4 à 6 mois.

Si vous suivez ces consignes, logiquement, vous n’aurez plus jamais besoin de recommencer l’opération commando et encore moins "total annihilation".

Cependant, un petit coup de javel dans les recoins retirés et difficiles d’accès de votre appartement, de temps en temps, est toujours une bonne chose.

Pour notre part, l’opération anti-blattes a été parfaitement efficace pendant les deux ans qui ont suivi. Nous n’en avons plus observé de vivantes et n’avons plus trouvé d’oothéque vide dans les recoins (une oothéque vide signifie immanquablement que les conditions, dans votre appartement, sont redevenues favorables à la reproduction, et donc, à la vie des blattes).
Ensuite, nous avons déménagé pour des cieux plus cléments !

Nous vous souhaitons une longue vie sans blattes !


[1Ce sont des réponses d’organismes entiers, de véritables comportements, faits de mouvements d’orientation, souvent, aussi de locomotion, déclenchés et entretenus par des agents physiques ou chimiques externes (lumière, électricité, pesanteur, chaleur, substances chimiques diffusant dans le milieu, etc.

Messages

  • Merci pour vos explications données, en sachant que jamais nous ne serons débarrassé de l’Orientalis.
    Votre humour nous a redonné du courage dans notre combat et va nous permettre de déclencher les hostilités (rangers, treillis et bombes) dès demain matin avant l’aube pour un meileur effet de surprise.
    Cependant j’ai bien peur que l’opération échoue, mon amie à la cigarette au bec dès le saut du lit !!!

    Le combat continu !

    • Merci pour ces trés trés bonnes explications qui m’ont...oté le cafard !
      Je me suis lancé depuis quelques temps dans la chasse totale aux blattes. Il y en a chez moi comme chez tous ceux qui ne l’avouent pas et je voudrais dire que répandre des tonnes d’insecticide ne sert à rien et n’est pas la solution miraculeuse.

      La première des choses est avant tout de ranger et de tout ordonner dans la cuisine en évitant de laisser des nids à cafards de partout : sacs plastique, carton ou planche dans les coins...

      Il faut nettoyer sa cuisine aprés chaque repas, nettoyer la gazinière, le lavabo, la table, les chaises, et passer automatiquement une serpillière javélisée avant de s’en aller. Il n’y a que comme ça que vous affamerez vos blattes et qu’elles diminueront ou s’en iront. L’insecticide vient ensuite.

      Osez pendant 1 mois une pulvérisation tous les soirs et VRAIMENT DE PARTOUT.Aprés ce mois, vous diminuerez les doses à tous les 3 jours.

      LA BATAILLE CONTRE LES BLATTES SE GAGNE UNIQUEMENT AVEC UNE FACON DE FAIRE RIGOUREUSE ET METHODIQUE.

  • Merci pour tout les renseignement !
    Apres moultes renseignement, nous allons passer a l’action !
    Propreté irréprochable, nourriture completement non accessible.
    Des frappes chirugicales suivi d’un balayement massif de pesticide ouvriront le bal, puis l’artillerie placera un maximum d’arme a retardement de type laque colante Lucifer et piege chimique, suivra plusieurs nuit d’extinction total d’emission de chaleur(Batterie, pc, tv, dvd, FRIGO OFF,terminal TV, etc..)
    Les assaillants chercherons par tout les moyens de la nourriture..
    Ils ne trouveront que chimie et désolation.
    La lutte continue !