la part inné-acquis dans les comportements.
 
 
  1. Les comportements innés.
  2. Comment distinguer la part innée d'un comportement de la part acquise?
  3. Un exemple de comportement inné: les taxies.
  4. Les comportements acquis.
 
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L'éthologie est l'étude des comportements des animaux, et par extension, des humains, dans la mesure où, pour l'éthologue, l'être humain est un animal comme les autres.

Tous les comportements ont pour base une mécanique physiologique: les sens (organes sensoriels), le système nerveux, l'endocrine (les hormones). Les comportements vont affecter des formes différentes en fonction du milieu, des saisons, des besoins (stimuli internes), de l'âge, des expériences antérieures et de l'état physiologique du sujet.
Tous les comportements ont un double déterminisme (on pourrait dire: de doubles causes, en simplifiant):

Mais surtout, les comportements se distinguent en deux grands domaines éthologiques: Il ne faut jamais perdre de vue que dans la plupart des cas, inné et acquis sont étroitement imbriqués dans les comportements que l'on peut observer.
 
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Les comportements innés.

Un comportement inné est un comportement qui se retrouve chez tous les individus de la même espèce. On parle aussi de comportement instinctif.
Les comportements instinctifs sont traditionnellement opposés aux comportements acquis.
On parle parfois de comportements instinctifs de manière impropre ou abusive, comme dans le cas du freinage d'urgence en voiture: il s'agit bien d'un réflexe, mais d'un réflexe conditionné, fruit d'un apprentissage (sinon, tante Agathe n'aurait pas eu besoin d'aller à l'auto-école de son quartier, et quand elle conduit, on sent très bien que la maîtrise de son véhicule n'est pas inscrite dans ses gènes!).

Les comportements instinctifs sont donc des comportements innés, c'est à dire déterminés génétiquement et qui ne nécessite pas d'apprentissage préalables. PP GRASSE définit ainsi les comportements instinctifs:

*L'instinct est la faculté inné d'accomplir, sans apprentissage préalable et en toute perfection, certains actes spécifiques sous certaines conditions du milieu extérieur et de l'état physiologique de l'individu.*
 

Pour illustrer, prenons l'exemple du "programme" de prédation du crapaud: "ce qui bouge est bon à manger".
Si vous coincez un crapaud, vous pourrez observer la chose suivante:
Si vous posez une belle grosse mouche morte devant lui, vous n'obtiendrez aucune réaction.
Agitez sous son nez un leurre quelconque (comme un bout de papier au bout d'un fil en nylon), vous avez de fortes chances de le voir se jeter avidement dessus afin de le gober... enfin, s'il a faim! Sinon, vous aurez juste l'air ridicule à agiter votre bout de papier devant un crapaud totalement indifférent.
Par contre, votre crapaud, avec l'expérience, peut finir par apprendre qu'un bout de papier agité au bout d'un fil de nylon est quelque chose qui n'est pas bon à manger, et finir par ignorer le leurre même s'il a faim.

Ainsi, le crapaud a un comportement de prédation inné: ce qui bouge est bon à manger, le reste, non. 


Comportement de prédation du crapaud



Cependant, par l'expérience, il peut développer un comportement acquis: tout ce qui bouge n'est pas forcément bon à manger. C'est par apprentissage qu'il sera capable de discriminer (faire la différence) entre le comestible et le non comestible.
 

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Comment distinguer la part innée d'un comportement de la part acquise?

Prenons un comportement relativement complexe: la nidification (aménager son intérieur, en quelque sorte, voire le construire).
On fit une expérience sur le tisserin à capuchon (Ploceus cucullatus) ou tisserin africain, un petit oiseau dont les techniques de construction de nid sont particulièrement complexes. Cet oiseau construit un nid en forme de bourse, en fibres végétales tissées de manière élaborée, attaché par un lien noué de façon particulière.

On prit des oeufs de tisserins et on les fit couver par des canaris. Les jeunes ainsi élevés étaient privés de tous moyens de construire leur propre nid et furent placés dans des nids préfabriqués. L'expérience se poursuivit durant 4 générations.
La dernière génération fut replacée dans son milieu naturel. Et à l'époque de la nidation, les jeunes construisirent un nid typique de tisserin, sans jamais avoir pu développer cette compétence par l'apprentissage ou l'imitation auprès des parents. Cependant, on pu constater que ses oiseaux étaient moins habiles que des tisserins témoins, plus lents, moins soigneux, mais leur travail s'améliora par l'expérience, sans toutefois jamais atteindre l'habileté des tisserins élevés par leur parents.

Ce que nous apprend cette expérience:

En général, tous les oiseaux ont une aptitude d'adaptation des modalités de construction du nid traditionnel comme, par exemple, en fonction des modification du milieu (variation des matériaux). Si la nidification est un comportement à forte composante innée, il reste une possibilité d'adaptation par l'apprentissage et l'expérience.

A travers cet exemple, nous venons de voir de quelle manière, expérimentalement, on peut distinguer la part acquise de la part innée dans un comportement. En règle générale, il suffit d'isoler un ou plusieurs jeunes de tout représentant adulte de son espèce (ce qui élimine, de fait, toute possibilité d'apprentissage, que ce soit par imitation ou par éducation parentale) et d'observer dans quelle mesure les sujets peuvent ou non reproduire le comportement étudié.
Il est également intéressant de souligner, qu'en règle générale, la plupart des comportements innés sont améliorables par l'apprentissage et/ou l'expérience.

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Un exemple de comportements innés: les taxies

Dans les comportements innés, les réactions les plus parlantes sont les tropismes et les taxies.
Les tropismes peuvent se définir de la façon suivante:
* Ce sont des réponses d'organismes entiers, de véritables comportements, fait de mouvement d'orientation, souvent, aussi de locomotion, déclenchés et entretenus par des agents physiques ou chimiques externes (lumière, électricité, pesanteur, chaleur, substances chimiques diffusant dans le milieu, etc.*
Plus simplement, les tropismes sont des réactions comportementales à des stimulations du milieu. L'idée de tropisme s'applique aussi bien aux animaux qu'aux plantes:
Les tournesols (héliotropes!), que l'on voit dans les champs au coeur de l'été, sont caractérisés par leur héliotropisme, c'est à dire leur manière d'orienter leur corolle vers le soleil, à toute heure de la journée.
Cependant, il est difficile de désigner ce comportement d'orientation chez les plantes, dépourvues de tout système nerveux (ce qu'on appelle la vie végétative!) avec le même terme que pour des comportements observés chez les animaux. C'est ainsi que l'on fait la distinction entre tropisme, terme général qui s'applique plutôt aux plantes et les taxies, mot qui désigne le même phénomènes, mais exclusivement chez les animaux. Vous pouvez observer un type de taxie positive assez facilement les soirs d'été.
Les soirs d'été, quand la nuit est tombée, il vous arrive fréquemment d'avoir simultanément la fenêtre ouverte et la lumière allumée. Vous êtes alors envahis par des myriades d'insectes nocturnes qui s'agglutinent inévitablement autour des ampoules allumées et, comme le dit l'adage populaire, "s'y brûlent les ailes". Vous êtes alors l'observateur de comportement taxiques positifs résultant de la phototaxie qui est le fait d'être attiré par la lumière. C'est un comportement instinctif, qui pousse, dans ce cas précis, l'animal à se rapprocher de la source lumineuse, malgré le danger mortel que cela lui fait courir.

A l'inverse, les habitants de la région parisienne, dont un nombre important se voit dans l'obligation de cohabiter avec les blattes (cafards), peuvent observer, quand ils rentrent chez eux dans la nuit, que le simple fait d'allumer la lumière met en déroute une armée de ces charmants colocataires, qui courent se réfugier dans les coins obscurs de l'habitation. On dit alors que les blattes sont lucifuges, c'est à dire qu'elles fuient la lumière: il s'agit d'une phototaxie négative. Les blattes sont aussi hygrotropiques, elles se dirigent en priorité dans des zones jouissant d'une humidité susceptible de leur convenir, et thermotropiques, elles recherchent une chaleur suffisante. En fait, instinctivement, les blattes cherchent à vivre dans un milieu dont les caractéristiques "climatiques" sont très proches de leur milieu naturel d'origine: les zones tropicales de la planète.
Ces connaissances éthologiques des blattes vous permettent de savoir à coup sûr d'où il faut chercher à les déloger: dans les recoins sombres, humides et chauds de votre appartement, comme sous l'évier, la baignoire, derrière le réfrigérateur... etc. Chez la blatte "domestique", la colonisation de certains secteurs précis de votre logement est le résultat de la somme de plusieurs taxies. L'élection, à travers un comportement inné, du milieu le plus approprié au mode vie de cet insecte, est favorable à l'espèce, lui épargnant du même coup, la recherche fastidieuse de l'habitat sur le mode actif ou conscient. L'inconvénient, c'est que ce comportement est prévisible pour vous, le prédateur "naturel" de la blatte et vous permet de localiser avec précision les zones où il vous faudra frapper si votre sens de la propriété est plutôt individualiste.

*Pour vous récompenser de votre fidélité, tante Agathe a suggéré de mettre à votre disposition une page bonus, sur la manière dont vous pouvez mener une opération anti-blattes si le besoin s'en faisait sentir chez vous.
Ainsi, nous vous proposons de découvrir une application pratique de l'éthologie!*
 
Nous pouvons  retenir que les taxies peuvent se classer selon les les stimuli-déclencheurs qui sont à la source de la réponse comportementale: La part des taxies et des tropismes dans les comportements d'une espèce, dépendent du niveau de développement psychique de cette espèce. C'est à dire que les comportements instinctifs jouent un plus grand rôle dans les espèces à faible développement psychique que chez les Animaux supérieurs.
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Les comportements acquis
 

Comme nous l'avons vu dans le chapitre consacré à la biologie du comportement, la part de l'acquis dans le comportement d'un animal augmente, au fur et à mesure que cet animal est doté d'un plus fort développement psychique, c'est à dire d'un système nerveux central (SNC) complexe.

Les comportements acquis permettent  à l'individu de s'adapter rapidement aux changements de l'environnement de l'espèce. Cependant, les aptitudes d'apprentissage d'une espèce, sa plasticité, sont, elles, déterminées de manière innée, elles sont inscrites dans son patrimoine génétique.

On distingue plusieurs formes d'apprentissage:

(à suivre)